La digitalisation au service des marins...et des clients

L’année 2023 a été marquée par la confirmation de la reprise de notre activité, la poursuite de la réactivation de notre flotte et l’intensification de notre démarche RSE. En 2024, nous devons renforcer nos process, nous focaliser sur l'excellence opérationnelle et tout particulièrement sur la sécurité et la fiabilité technique de notre flotte en opération. Notre cœur de métier est d’apporter des solutions maritimes logistiques et technologiques adéquates, afin de fournir un support sûr et fiable d’excellence aux opérations en mer de nos clients. 

Pourtant, nous devons ne pas oublier qu'en tant qu’opérateur maritime dans plus d’une trentaine de pays à travers le monde, nous sommes également acteurs de la transition énergétique au sein de notre écosystème maritime. Notre développement économique et notre démarche RSE sont donc interdépendants, dans une logique de complémentarité de notre croissance économique et de notre développement durable. 

Clients, fournisseurs, partenaires, nous sommes tous liés aujourd’hui par une responsabilité commune, une activité à la fois rentable ET durable permettant de réduire l’impact de nos activités. Acteurs d’une même chaîne de valeur, nous devons questionner nos pratiques d’entreprise, l’impact de nos activités et de nos décisions sur notre écosystème au sens large et sur notre environnement, celui des mers & océans en particulier. 

Imaginer trouver les solutions de façon unilatérale serait vain, nous le savons, alors dialoguons, collaborons et co-construisons les conditions du développement de nos entreprises dans le cadre d’une croissance durable partagée.

BOURBON a remporté fin 2023 le trophée de la Charte Bleue d’Armateurs de France pour son programme CASSIOPÉE (Collecte et Analyse de donnéeS pour la Sécurité des Opérations, la Performance et l’Efficience Energétique), symbole de la digitalisation de sa flotte. Un programme ambitieux qui nous est expliqué par François Rivière, Connected Vessel Project Manager.

Comment définiriez-vous simplement votre programme ?

François Rivière : Il répond à la fois à un enjeu social et à un enjeu environnemental. Les applications développées par BOURBON et ses partenaires, et hébergées à bord, doivent apporter une aide à la décision aux marins les accompagnant ainsi dans leur travail et leur permettant de davantage se concentrer sur leur sécurité et celle du navire. En outre, l’analyse et le traitement des données permettent d’améliorer la performance opérationnelle des navires.
 

Précisément, sur quelle plateforme technique s’appuie-t-il ?

F.R. : Le programme a permis la création d’un système embarqué pour la collecte des données à bord et leur transmission à terre de façon agnostique, modulaire et cyber sécurisée (voir la vidéo et lire l’encadré plus bas).
 

Plus concrètement, qu’attendez-vous de ce programme ? Quels en sont les bénéfices ?

F.R. : Ce programme  a pour ambition de mettre à disposition des marins des outils digitaux d’aide à la décision, mais aussi de développer un jumeau numérique permettant d'optimiser la gestion de la flotte et réduire son impact carbone. A ce titre, trois applications sont déjà opérationnelles : Digital ASOG, Predictive Maintenance et PortCall app.

Digital ASOG permet la création, la validation et l’utilisation des ASOG (Activity Specific Operating Guideline) de façon digitalisée. Ainsi, les marins de BOURBON ont à disposition un outil d’aide à la décision en temps réel pour leurs opérations DP. Cette application doit alléger la charge mentale des marins en synthétisant les différents paramètres à suivre lors d’une opération en Positionnement Dynamique. L’application de Predictive Maintenance déployée à bord permet quant à elle d’identifier au plus tôt les risques d’avaries des équipements clés du navire. Il est ainsi possible d’anticiper les besoins d’intervention et d’organiser la logistique en conséquence. PortCall est une troisième application qui facilite la préparation et la gestion des escales : ainsi les besoins et les mouvements logistiques sont listés et mis à jour sur un outil digital permettant le partage de l’information entre l’équipage et les échelons de soutien à terre en temps réel.

Vous évoquiez également le jumeau numérique. De quoi s’agit-il ?

F.R. : Effectivement, des travaux se poursuivent en parallèle pour modéliser les navires sous la forme d’un jumeau numérique grâce à l’ensemble des données collectées. Ce jumeau permettra de disposer en permanence de l’exacte capacité opérationnelle du bateau et aussi de réduire son impact environnemental du fait d’un suivi précis de la configuration de ses équipements et des paramètres opérationnels.
 

Où en êtes-vous du déploiement sur votre flotte de navires ?

F.R. : Les travaux menés jusqu’à aujourd’hui ont permis la validation du fonctionnement de la plate-forme embarquée de collecte et transmission des données. Cette plate-forme est d'ores et déjà installée sur une douzaine de navires, donnant accès à l'application de maintenance prédictive. Dans les prochains mois, BOURBON va poursuivre le déploiement des applications, et d’autres solutions basées sur l’utilisation des données du bateau connecté seront mises au point. Au total, 20 navires devraient en bénéficier d’ici la fin d’année. 

La collecte de la donnée et son traitement à bord comme à terre sont le socle du programme Connected Vessel. Le partenariat entre BOURBON et la société Iqanto (ex-Predict) est précisément centré sur cet aspect du programme. Les explications de Wilfrid Bolinois, Coordinateur Projets de Technologies Performantes.
 

Quel est votre rôle au sein du projet ?

W. B. : La première de nos missions est d’assurer la collecte de la donnée à bord, de la traiter et de la structurer, pour la rendre prête à l’emploi. C’est un réel challenge car sur un navire AHTS de type Bourbon Liberty de la série 200 par exemple, de nombreux équipements sont équipés de capteurs (générateurs, gps, radars, propulseurs d’étraves, systèmes de relevage et manutention d’ancres, etc.) et nous centralisons toutes ces données.
 

Comment s’effectue cette récolte de la donnée ?

W. B. : Nous disposons d’une solution logicielle, capable d’interagir avec plusieurs sources de données. A bord du navire, cela concerne les paramètres énergétiques mais aussi, comme je l’ai déjà dit, tous les éléments de navigation. Toutes les données récoltées sur les navires sont envoyées à terre et placées sur un serveur géré par BOURBON, en temps réel. A partir de ce moment précis, nous entrons en phase d’analyse notamment à des fins d’amélioration de l’efficience énergétique et de réduction de l’empreinte environnementale. Les données collectées à bord d’un navire sont aussi utilisées directement par l’équipage pour l’application de maintenance prédictive. Et notre rôle à ce niveau est de configurer notre solution logicielle, de construire des indicateurs qui traduisent l’état de santé des différents systèmes du navire, grâce à des data scientists et des experts des domaines concernés. Nous avons donc 2 missions : alerter l’utilisateur du comportement déviant d’un équipement, et la seconde mission, l’aider à identifier la cause racine.
 

Comment parvenez-vous à identifier cette cause racine ?

W. B. : Par un « arbre des causes », qui va aider l’utilisateur à effectuer le bon contrôle de l’équipement, mais qui va aussi lui dire quelle action de maintenance doit être réalisée. A ce moment précis, il revient au marin de planifier son action de maintenance, en fonction de l’urgence.
 

Quels sont les principaux challenges dans votre collaboration avec BOURBON ?

W. B. : Sans aucun doute la disponibilité technique des navires et la décarbonation des opérations. Ce sont des enjeux majeurs pour BOURBON et de ce fait, ils deviennent également les nôtres.
 

Quelles sont les prochaines étapes de votre collaboration ?

W. B. : Sur le volet de la maintenance prédictive, les concepts et la technologie sont prêts. Il faut à présent capitaliser de l’expérience pour raffiner les alertes et faire monter en puissance l’équipage par son adhésion. Nous aidons également BOURBON à traquer les surconsommations de fuel des navires. BOURBON et nous-mêmes sommes dans une phase de montée en puissance !

En janvier dernier, alors que le MICA CENTER (Maritime, Information, Cooperation & Awareness), centre d'expertise français dédié à la sûreté maritime, venait de rendre son rapport d’activité, nous en avons profité pour faire un point sur l’année 2023 avec François Morizur, Directeur Sûreté Groupe, par ailleurs officier de réserve et donc contributeur régulier au MICA center. Interview.
 

PartnerSHIP : Quel bilan dressez-vous en termes de sûreté maritime pour l’année 2023 ?

François Morizur : Une année contrastée, avec à la fois un faible nombre d’incidents, notamment dans le Golfe de Guinée où nous opérons majoritairement, mais dans un contexte géopolitique qui demeure comme chacun sait extrêmement tendu, notamment en mer Noire. Pour la partie Amérique du Sud, situation très calme, avec par exemple aucun incident dans le Golfe du Mexique, zone qui avait été particulièrement touchée en 2022. En Asie en revanche, une centaine d’incidents, dont plus de la moitié dans le chenal de Singapour. Terminons par la zone Océan Indien : depuis l’attaque d’Israël par le Hamas, on note par ricochet une reprise très forte des actes de terrorisme maritime en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, mais aussi une reprise assez étonnante des actes de piraterie par des groupes somaliens.
 

PS : Pourquoi la qualifiez-vous d’«étonnante » ?

F. M. : Parce que la piraterie maritime avait été éradiquée en Océan Indien depuis plus de 4 ans. La résurgence soudaine de la piraterie, à ce niveau d’intensité, et sur une très large zone est totalement inattendue. 
 

PS : BOURBON aura donc été plutôt épargné l’an passé…

F.M. : La majeure partie de nos activités se déroulent dans le golfe de Guinée, où l’on note un vrai apaisement en termes d’actes de piraterie. Nous bénéficions donc de l’amélioration de cet environnement sécuritaire. Nous n'avons ainsi été directement concernés que par 2 cas de vols sur des bateaux au mouillage à Luanda (Angola).
 

PS : Attribuez-vous ces bons résultats uniquement à un calme retrouvé dans cette zone, ou à une meilleure application des procédures ?

F. M. : Il est évident que le respect des procédures a un impact non négligeable. Je voudrais citer à ce sujet l’équipage de l’Anguun qui, opérant au Ghana, a été confronté à 2 reprises à des tentatives d’abordage par des voleurs au mouillage et ce à 2 jours d’intervalle. Ces tentatives de vols ont été déjouées car les approches des voleurs ont été détectées très rapidement par les équipes de quart qui ont pu déclencher l’alarme. La surveillance ISPS reste la clé : connaitre les modus operandi des voleurs locaux, être vigilant, assurer une veille dissuasive, réagir au plus tôt afin de déclencher les alertes et interdire ainsi l’abordage par les voleurs présumés.
 

PS : Quel sera votre plan d’action en 2024 ?

F. M. : 2023 aura été une année relativement calme pour nos opérations en terme de sûreté maritime. L’exception n’est pas la règle, nous ne bénéficierons probablement pas des mêmes conditions dans les prochaines années. Il faut donc rester attentif. De fait, on assiste actuellement à un accroissement de tensions régionales ou locales qui ont ou peuvent avoir un impact sur le domaine maritime : en mer de Chine, en mer Rouge et Océan Indien, au Guyana, en mer Noire… On constate également des foyers de tension très palpables lies à la situation politique et/ou a la situation socio-économique dans un certain nombre de pays où travaillent et vivent parfois nos collaborateurs, avec un risque de débordements ou d’instabilité politique. Ainsi, ces derniers mois, le Gabon puis le Sénégal ont été concernés par des crises politiques. D’autres frémissements apparaissent du fait des crises économiques latentes. Enfin, même, si la situation pouvait nous amener à baisser un peu la garde, nous devons rester attentifs à la situation dans le golfe de Guinée : le 1er janvier, un tanker y a été attaqué, au sud de Malabo, avec une prise d’otages de 9 membres d’équipage. Cela démontre bien que la capacité des pirates à agir est toujours là.
 

PS : Quel est votre message majeur cette année ?

F. M. : La sécurité de nos équipages passe par une bonne appréciation des risques, la mise en place de mesures préventives adaptées, l’application stricte des consignes, la préparation des équipages et des navires, le professionnalisme des personnels. L’environnement sécuritaire recouvre également, bien évidemment, l’ensemble de nos collaborateurs, marins, techniciens, commerciaux, sédentaires qui se déplacent sur l’ensemble de la planète, tout au long de l’année, dans des environnements changeants. Là aussi l’appréciation des risques et le respect collectif et individuel des règles générales et spécifiques doit nous guider. 

Les priorités de BOURBON s’inscrivent dans le prolongement de sa vision, de ses valeurs et engagements. Elles sont aussi le reflet du soutien de BOURBON aux Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU, auxquels l’entreprise cherche à contribuer dans sa sphère d’influence. La définition de ces priorités a conduit le groupe à entamer un travail de prospective climatique en 2023, aux côtés de l’économiste Nicolas Siorak, chercheur et enseignant, membre du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC).
 

La résilience climatique consiste à évaluer les risques et opportunités climatiques potentiels pour les intégrer dans la planification de notre activité et assurer la résilience de l'entreprise à long terme. Cette démarche est motivée par une conviction : la prospective climatique est désormais étroitement liée au pilotage économique des entreprises et, à ce titre, devient une priorité.

La collaboration avec Nicolas Siorak a consisté en des ateliers de sensibilisation à la prospective et à la logique de résilience, en définissant des variables clés par domaine d’activité, avec l’identification des enjeux physiques (monde à +1.5°C/monde à +2°C), géopolitiques et énergétiques, et en matière de financement. Objectif : construire différents scénarii, en mesurer la pertinence et de valider ou invalider un certain nombre de menaces et opportunités.

« Le travail conduit avec BOURBON s’inscrit dans un cadre de recherches plus large » explique Nicolas Siorak. « En cela, il met au jour la nécessité d’amorcer un changement de paradigme, qui est le but ultime de tout exercice de prospective. D’abord, concernant les acteurs maritimes eux-mêmes, qui prennent progressivement conscience de la nécessité de travailler parfois sur un mode moins concurrentiel et davantage collaboratif, afin d’apprivoiser la potentielle radicalité climatique à venir. Ensuite, concernant la nécessité de renouveler les approches en matière de financement, pour mieux accompagner les entreprises dans la réalisation de véritables plans de transformation économique. »

Cette démarche est née de la prise en compte de 5 facteurs impactés à l’origine de cette prospection climatique, au premier rang desquels le risque opérationnel, aisément imaginable pour une compagnie maritime pouvant voir ses navires être touchés par des conditions de navigation extrêmes. La prospective climatique permet d’anticiper ces risques en vue de réduire les perturbations potentielles.

Intégrer la prospective climatique dans notre planification économique permet en outre de mieux anticiper les évolutions réglementaires et de se positionner efficacement dans notre secteur comme acteurs d’une transition vers des pratiques plus durables. Cette démarche nous donne par ailleurs la responsabilité d’investir dans des technologies et des pratiques respectueuses de l’environnement et de faire de l’innovation un de nos facteurs clés de développement.

Les perturbations climatiques ayant aussi un impact financier significatif sur l’activité industrielle (réparations des équipements endommagés, retards opérationnels, etc.), l’analyse prospective permet donc d’identifier les scénarios potentiels et d’adopter des mesures préventives pour minimiser ces coûts.

Enfin, la prospective climatique intégrée à la stratégie d’entreprise de BOURBON est un des piliers de son engagement en matière de durabilité à l’égard de ses clients, investisseurs, partenaires institutionnels et commerciaux.

Positionner des plateformes pétrolières, remorquer des engins de forage, manipuler des ancres… autant de missions réalisées par nos remorqueurs releveurs d’ancre (Anchor Handling Tug Supply).

Le relevage d’ancre nécessite des navires à la fois puissants, précis et fiables. Pour répondre aux besoins de nos clients, nous mettons à leur disposition une flotte moderne et diversifiée d’AHTS.

Une flotte qui allie puissance et précision : représentant près de la moitié de notre flotte de supply, nos AHTS se déclinent en différentes puissances, permettant de répondre à tous les besoins de nos clients, à l’offshore continental comme à l’offshore profond.

En vue de toujours optimiser le service rendu à ses clients, Bourbon Subsea Services a mis en place une offre de survey lui permettant de mieux contrôler les opérations et d’envisager de nombreuses innovations via l’usage de nouvelles technologies telles que les unités autonomes ou les drones sous-marins. Les explications de Fabrice Mandroux, Chief Innovation Officer.

PartnerShip : De quoi parle-t-on exactement lorsque l’on évoque une prestation de survey ? Quel est le scope d’une telle intervention ?

Fabrice Mandroux : Le signal GPS est inexistant sous la surface de l’eau. Il faut cependant positionner le plus précisément possible les objets, les données et informations que nous collectons sous l’eau. Les méthodes de positionnement acoustique permettent de localiser précisément les données et information sous-marines recherchées. Dans le secteur de la construction offshore (oil&gas, éolien…) c’est la collecte de données géoréférencées incluant : le positionnement de ROV, de structures sous-marines (puits de pétrole, supports d’éoliennes, etc.), la cartographie des fonds marins, la recherche et le positionnement d’épaves, de récifs, de mines sous-marines anciennes et non explosées et de danger pour la navigation et les travaux sous-marins, ou encore les données d'inspection de structure (pipeline, câble sous-marin par exemple).
 

PS : Quels sont les éléments qui vous ont poussés à envisager cette offre de survey ?

F.M. : Un objectif majeur, apporter de la valeur ajoutée supplémentaire à nos clients, mais aussi en parallèle garder le contrôle sur l’ensemble de l’opération et rester fidèles à notre démarche d’innovation.
 

PS : Pourquoi le contrôle sur l’opération en sort-il renforcé ?

F.M. : Lorsque l’on fait appel à un sous-traitant, qui est en lien direct avec le client, cela peut occasionner un manque de cohésion entre les équipes, des incompréhensions et parfois une certaine confusion au niveau des rôles et responsabilités, en particulier aux niveaux des interfaces entre le survey / la navigation / le ROV. Intégrer le survey à notre offre de service nous permet de gagner en efficacité, en flexibilité et en agilité. Pour notre client, le bénéfice est clair : il n'a plus à gérer les interfaces entre les différents intervenants. Nous sommes son unique point de contact et cela facilite grandement la gestion de l'opération. 
 

PS : Votre 2ème objectif est lié à votre démarche d’innovation. De quelle façon et dans quelle direction ?

F.M. : En étant au plus proche du client et de ses problématiques opérationnelles, en lui proposant une solution globale, nous sommes mieux placés pour imaginer quels seraient les services à développer pour le futur et nous nous y employons déjà ! Nous sommes en pleine réflexion sur les nouvelles technologies que nous pourrions intégrer, les technologies de surface avec des unités autonomes de surface qui peuvent complémenter nos navires pour certaines missions, ou des drones sous-marins. Ces technologies permettraient de réaliser des opérations différentes en simultané. Pendant que le ROV accomplirait sa mission, l’unité autonome pourrait, dans le même temps, être utilisée pour autre chose, ce qui nous permettrait d’optimiser les opérations et de réduire les coûts. Nous travaillons ainsi à long terme sur le projet « Despot » qui permettra de faire évoluer une flottille de véhicules autonomes sous-marins (lire l’article du PartnerShip #16), potentiellement très utiles dans une opération survey !

PS : Comment avez-vous bâti cette offre de survey ?

F.M. : Dans un premier temps, nous avons internalisé des ressources et de l’expertise pour manager des scopes de survey et établi un partenariat avec Deep Ocean Search pour mieux structurer notre offre (lire l’encadré). Nous intégrons des équipements tels que des cameras photogrammétriques qui permettent de faire une reconstruction 3D d'une structure avec une précision millimétrique, ou encore des Gyrocompas (ou compas gyroscopiques) adaptés au Survey. Ceux qui équipent nos navires n’ayant pas forcément la précision requise, nous sommes donc en train de les upgrader progressivement. L’idée est d’avoir à bord de nos navires des équipements qui puissent être mutualisés à la fois pour la navigation et pour le survey. C’est vraiment de la mutualisation des besoins pour optimiser les équipements et optimiser le service que l’on rend tout en réduisant les coûts.

PS : L’offre de survey de Bourbon Subsea Services est relativement récente, comment a-t-elle été accueillie par vos clients ?

F.M. : Les premiers contrats signés valident clairement cette nouvelle offre… Nous avons démarré un contrat avec un scope survey sur le projet Fenix en Argentine, avec le MPSV Bourbon Evolution 808 et deux autres contrats sont d’ores et déjà signés sur des projets au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Je crois que nos clients ont conscience de l’avantage que leur procure ce nouveau service intégré, ces premiers succès très encourageants nous en apportent la preuve.

Après une période complexe liée à la crise de l’oil&gas et du covid, les FSIV (ou Fast Supply and Intervention Vessels) bénéficient actuellement d’une forte demande et constituent un support essentiel aux opérations de forage à l’offshore. Les éclairages d’Ivelino Do Nascimento, Directeur Général de Bourbon Mobility International. 
 

PartnerShip : Quels sont les avantages d’un FSIV ? 

Ivelino Do Nascimento : Il s’agit d’un navire hybride, ayant donc à la fois des capacités de transport de fret et de passagers. Une typologie de navire ayant des capacités extrêmement intéressantes pour nos clients, de par cette combinaison avec de surcroit une capacité à opérer dans des environnements opérationnels complexes, avec des charges cargo importantes. Rappelons que le pont de ces navires a une surface de chargement de 240m2 en moyenne. Cette spécificité lui a par ailleurs permis d’être un acteur important du projet GTA au Sénégal, dans sa phase de construction. 
 

PS : Quelle était la stratégie du groupe vis-à-vis de cette flotte de navires suite à la crise ? 

I. do N. : Le groupe a pris une décision forte, celle de se concentrer uniquement sur les navires FSIV DP2, pour servir au mieux les intérêts de nos clients et demeurer en ligne avec nos propres exigences d’excellence opérationnelle et de sécurité. Une stratégie payante puisqu’à date, la quasi-totalité de notre flotte est sous contrat long terme, que ce soit en Afrique de l’Ouest, au Moyen-orient et en Asie du Sud-Est où nous rencontrons une demande en forte augmentation. Nous sommes sur un marché porteur, tandis que le marché des FSIV non DP est, quant à lui, devenu un marché de commodités. 
 

PS : Faisons un peu de prospective. Comment BOURBON pense-t-il se positionner à l’avenir sur ce marché ? 

I. do N. : Nous avons initié une réflexion sur la nouvelle génération de FSIV DP2, afin de lancer à terme un programme de constructions neuves. Le challenge à relever est de répondre toujours davantage aux besoins des clients, de leur fournir les navires les plus adaptés à leur activité, notamment dans des régions où la mer est plus agitée qu'en zone équatoriale telle que l'Afrique de l'Ouest. Les nouveaux FSIF DP2 nous permettront de naviguer dans de telles mers et de réaliser des changements d'équipes, notamment à l'aide d'une coupée avec compensation de mouvement. Avec ce système, le bateau approche et déploie une coupée télescopique qui va jusqu'à la plate-forme. C’est du reste une démarche collaborative, nous ne travaillons pas seuls sur ces sujets, nous sommes en relation constante avec nos clients.